Martinez, le grand bond
16 août 2020 - 17:01
Avec l’annonce du forfait de Primoz Roglic au matin de la dernière étape, l’enjeu majeur de la mini-semaine de course redevenait totalement ouvert sur les 153,5 kilomètres du parcours du jour. C’est ce qu’ont clairement compris les leaders de nombreuses équipes, bien décidés à profiter de cette ouverture inattendue. Au sein d’une échappée royale dans laquelle ont pris place l’essentiel des membres du Top 10, dont les Français Thibaut Pinot et Guillaume Martin en pointe, la bagarre a été remportée par Daniel Martinez. Le jeune Colombien a converti son maillot blanc en jaune en lâchant Pinot à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée. Pendant que l’Américain Sepp Kuss allait chercher en solitaire le bouquet de la dernière étape, Martinez remportait son duel à distance avec le Français et en même temps la plus belle victoire de sa carrière. En 2019, le coureur d’Education First avait déjà signé sur Paris-Nice une victoire de prestige au col de Turini, le jour où Egan Bernal s’était emparé du maillot jaune. Cette fois-ci, c’est lui qui se hisse au sommet du classement général, pour un titre qui avait déjà été remporté par deux autres coureurs colombiens avant lui : Martin Ramirez en 1984, Luis Herrera en 1988 et 1991.
Pas de maillot jaune et bleu dans le peloton
Le peloton s’élance pour la dernière étape avec 136 coureurs et sans maillot jaune et bleu, Primoz Roglic ayant renoncé, suite à sa chute dans la quatrième étape. Ce contexte particulier, qui place Thibaut Pinot en tête du classement général, incite une bonne partie des leaders à se lancer à l’attaque dès le début de l’étape, c’est-à-dire en entrant dans la côte de Domancy où un groupe de 11 coureurs se détache. Pinot en fait partie, tout comme Dumoulin qui se montre conquérant. Guillaume Martin, 2e du classement général, se retrouve quant à lui contraint de chasser au sein d’un groupe de poursuivants.
Bataille royale
La bataille est vive en abordant la montée au col de Romme, où Julian Alaphilippe et Thibaut Pinot se montrent particulièrement entreprenants, mais c’est le maillot à pois David de la Cruz qui parvient à se hisser en tête au sommet pour conforter son avance au classement des grimpeurs. Les nombreux mouvements de contre-attaque aboutissent ensuite à la formation dans la montée de la Colombière d’un groupe de 24 coureurs, avec Thibaut Pinot, Sebastian Reichenbach (Groupama-FDJ), Miguel Angel Lopez, Alexey Lutsenko (Astana), Lennard Kämna (Bora-Hansgrohe), Jonathan Castroviejo, Pavel Sivakov (Team Ineos), Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick-Step), Tom Dumoulin, Sepp Kuss, Wout van Aert (Jumbo-Visma), Romain Bardet (AG2R-La Mondiale), Tadej Pogacar, David de la Cruz (UAE Team Emirates), Alejandro Valverde, Enric Mas (Movistar), Adam Yates (Mitchelton-Scott), Marc Hirschi (Sunweb), Warren Barguil (Arkéa-Samsic), Mikel Landa (Bahrain-McLaren), Guillaume Martin (Cofidis) et Kris Neilands (Israel Start-Up Nation)
Alaphilippe et Sivakov en duo
Parmi eux, Julian Alaphilippe et Pavel Sivakov accélèrent à 3 km du sommet (km 57), basculent en tête et profitent de la descente pour creuser un écart de 50’’ sur leurs poursuivants, qu’ils portent ensuite à 1’15’’ dans la montée au col des Aravis, puis à 1’30’’ dans la descente. Mais dans le groupe de poursuite, qui a notamment perdu Mikel Landa, la poursuite est lancée sur un ton beaucoup plus ferme à l’approche du final, en particulier par Wout van Aert : la marge du duo n’est plus que de 50’’ dans la vallée, mais leur marche est perturbée par la chute de Sivakov à 32 km de l’arrivée.
Daniel Martinez lâche le groupe Pinot
En abordant pour la deuxième fois la côte de Domancy, le duo se reforme à l’avant mais avec seulement 45’’ d’avance, et surtout des contre attaquants déterminés, comme Pogacar qui fait exploser le groupe Pinot en compagnie de Lopez. Les deux hommes parviennent à rejoindre le duo de tête, tout comme Kuss et Martinez, ce dernier en position d’aller chercher le titre. Dans la côte de Cordon, Julian Alaphilippe craque et laisse partir un quatuor composé de Kuss, Pogacar, Sivakov et Martinez, réunis avec 1’10’’ d’avance sur le groupe Pinot à 18 km de l’arrivée, et 1’30’’ au sommet.
Une course-poursuite Pinot-Martinez
Thibaut Pinot voit le titre lui échapper et se lance dans une course-poursuite dans la montée finale. Alors que l’échappée n’a plus que 45 secondes d’avance, Sepp Kuss part en solitaire à 8 km de l’arrivée. Engagé vers la victoire d’étape, il laisse ses poursuivants se débattre pour le classement général. Malgré les efforts de Pinot, Daniel Martinez parvient à conserver un avantage suffisant sur la ligne d’arrivée, avec 33’’ auxquelles s’ajoutent les 6’’ de bonifications attachées à la 2e place.