Roglic, le grand résistant
9 juin 2024 - 15:11
Avec une avance confortable sur Matteo Jorgenson et Derek Gee au départ de la dernière étape, les risques semblaient minimes de voir Primoz Roglic privé d’un deuxième sacre sur le Critérium du Dauphiné, deux ans après sa première victoire. Le champion slovène a déjà connu des mésaventures similaires, et a bien failli subir une nouvelle fois un revers amer dans la montée finale au Plateau des Glières. C’est Carlos Rodriguez qui a déclenché à 5,3 km du sommet le mouvement décisif pour aller s’imposer sur la dernière étape. Sur son accélération, l’Espagnol a décroché le leader slovène et a surtout emmené dans son sillage Matteo Jorgenson, le plus dangereux de ses rivaux, qui est passé tout près de l’exploit. La deuxième place de l’Américain sur l’étape du jour lui a permis de se rapprocher à 8’’ au général, mais sur ce haut-lieu de la Résistance, Primoz Roglic a sauvé son maillot jaune et bleu in-extremis. Le podium final est complété pour la première fois par un coureur canadien, Derek Gee, qui a impressionné pour défendre sa 3e place, à 36’’. Le maillot à pois est quant à lui remporté à l’occasion de cette dernière étape par l’Italien Lorenzo Fortunato, qui succède à son compatriote Giulio Ciccone au palmarès.
6 + 5 = 11
Après les forfaits de Sepp Kuss (Visma-Lease a Bike), Ryan Gibbons (Lidl-Trek), Clément Champoussin (Arkea-B&B), Tom Paquot (Intermarché-Wanty), Harold Tejada (Astana) et Mark Donovan (Q36.5), il reste 103 coureurs réunis à Thônes pour le départ de l’étape. Le peloton attaque très rapidement la montée au col de la Forclaz-de-Montmin, où les attaquants se déclarent en nombre. Après plusieurs mouvements, c’est à 1 kilomètre du sommet que se détache un groupe avec Bart Lemmen (Visma-Lease a Bike), Marc Soler (UAE), Nicolas Prodhomme (Decathlon-AG2R), Sean Quinn (Ef Education Easypost) et Lorenzon Fortunato (Astana), suivis de près par Tim Wellens (UAE), Bruno Armirail (Decathlon-AG2R), David Gaudu (Groupama-FDJ), Guillaume Martin (Cofidis), Omar Fraile (Ineos-Grenadiers) et Eduardo Sepulveda (Lotto Dstny). La jonction se fait au kilomètre 25, où l’échappée atteint le volume de 11 coureurs.
Fortunato chasse les pois
Le premier bénéficiaire de ce groupe est Lorenzo Fortunato, qui semble prendre une option sur le maillot à pois en passant en tête aux cols de la Forclaz-de-Montmin (km 14,2) et des Esserieux (km 32,1). A ce stade, le peloton accuse un retard de 2’10’’, qui monte à 3’10’’ au passage au sprint intermédiaire de Saint-Jean-de-Sixt (km 52,7). L’écart des attaquants du jour grimpe à 4’, mais le contexte change radicalement en s’attaquant à la montée au Salève. La sélection est orchestrée par les coureurs d’Ineos-Grenadiers, qui rapprochent le peloton à 2’05’’ du groupe de tête (km 103,1), qui a perdu Prodhomme et Fortunato. Les chances de l’Italien de rester en tête du classement du grimpeur s’amenuisent, avec 2 points d’avance sur Soler qui bascule le premier.
Un coup de frein des Ineos
Après avoir joué de l’accélérateur et rapproché le peloton à 1’40’’ de l’échappée (km 120), la formation Ineos-Grenadiers donne ensuite un coup de frein à 35 km de l’arrivée et laisse la responsabilité de la poursuite à Bora-Hansgrohe, mais se sont surtout les coéquipiers de Giulio Ciccone chez Lildl-Trek qui s’en chargent. Le travail est effectué avec application par Mads Pedersen : à 15 km, l’avantage tombe à 1’, puis à 30’’ au moment de rentrer dans l’ascension finale. Sous la menace du peloton, Sean Quinn et Guillaume Martin tentent une attaque en duo à 9 km de l’arrivée, mais la contre-attaque de Giulio Ciccone à 7,5 km met fin à leurs espoirs.
L’attaque de Carlos Rodriguez à 5,3 km
Le coureur italien, vainqueur des maillots à pois du Tour et du Dauphiné en 2023, se lance dans un défi en solitaire, mais il prend fin deux kilomètres plus loin. C’est le moment où Carlos Rodriguez place une accélération qui scinde le petit groupe d’élite, et distance surtout Primoz Roglic, d’abord de quelques mètres, puis les secondes de retard s’accumulent. En passant sous la Flamme Rouge, le Slovène accuse même un déficit inquiétant de 45’’ sur le duo Jorgenson-Rodriguez qui a légèrement distancé Derek Gee. Dans les derniers mètres, c’est le coureur espagnol qui remporte l’étape. Primoz Roglic, avec 48’’ de retard, sauve de justesse sa place au sommet du classement général.