J-1 : CRITÉRIUM DU DAUPHINÉ INFOS

1 juin 2024 - 17:24

À la veille de la 76e édition du Critérium du Dauphiné, les principaux prétendants au titre se présentent à Saint-Pourçain-sur-Sioule sans avoir de références solides dans les dernières semaines, en particulier pour Primoz Roglic et Remco Evenepoel qui font leur retour à la compétition depuis leur chute sur le Tour du Pays Basque. Ce n’est toutefois pas le cas pour Sepp Kuss, Matteo Jorgenson, Juan Ayuso, Carlos Rodriguez ou encore Santiago Buitrago, quii peuvent cultiver des ambitions élevées à l’horizon de l’arrivée finale dimanche prochain au Plateau des Glières.
La question du premier maillot de leader, à remettre demain au vainqueur d’une étape de 172,5 kilomètres présentant peu d’aspérités avant l’arrivée à Saint-Pourçain, pourrait être réglée après une explication au sprint dont les acteurs majeurs seraient par exemple Sam Bennett, Mads Pedersen ou Magnus Cort.  

GILLES MAIGNAN : « UN SPRINT MASSIF EST ENVISAGEABLE »
Les étapes inaugurales du Critérium du Dauphiné donnent parfois lieu à des surprises. Cette année, le parcours tracé dans le département de l’Allier avec départ et arrivée à Saint-Pourçain-sur-Sioule indique que les sprinteurs pourraient avoir une des rares chances de la semaine de s’imposer. C’est en tout cas le sentiment de Gilles Maignan, qui a confectionné le tracé de cette première étape et s’attend à voir les Décathlon-AG2R contrôler la course : « Je remarque qu’ils n’auront pas vraiment de leader pour jouer les premières places du classement général mais qu’ils ont en revanche aligné Sam Bennett qui semble de retour en très bonne forme. Ils s’impliqueront peut-être pour ne pas laisser partir une échappée trop volumineuse, et trouveront pourquoi pas un peu de renfort avec les équipes de Mads Pedersen et de Magnus Cort qui pourraient faire de bons candidats à la victoire aussi. Donc un sprint massif est envisageable ». Pour autant, le tracé comprend une boucle finale de 29 kilomètres à parcourir deux fois, et où le peloton pourrait être bousculé si la météo s’y prête : « Les neuf derniers kilomètres sont totalement à découvert, explique l’ancien champion de France du chrono, et les coureurs y passeront donc à deux reprises. Si jamais le vent souffle, il pourrait y avoir des cassures qui perturberont le scénario attendu et un nouveau groupe d’attaque peut se former dans ce cas de figure. Cela s’est déjà vu que le peloton n’arrive pas à rentrer sur les échappés ».

CHRISTIAN POMER : « PRIMOZ EST DE NOUVEAU SUR LA BONNE VOIE »
Sur ses deux premières participations au Critérium du Dauphiné, Primoz Roglic a vécu le pire et le meilleur. En 2020, il avait chuté dans la dernière étape alors qu’il portait le maillot de leader sur la route de Megève, laissant échapper la victoire au profit de Dani Martinez. Deux ans plus tard, il était de retour tout aussi conquérant, et c’était cette fois-ci imposé, devançant son coéquipier Jonas Vingegaard au classement général. Le contexte est tout autre cette année, le champion slovène ayant changé de formation pour rejoindre Bora-Hansgrohe. Sa dernière course avec ce nouveau maillot s’est arrêtée net alors qu’il roulait en tête du Tour du Pays Basque, sur une chute désormais célèbre qui a mis à terre les plus grands favoris. Le directeur sportif Christian Pomer donne des nouvelles de son leader : « Primoz s'est entraîné en camp d'altitude et cela s’est très bien passé. Il est maintenant impatient de prouver qu’il tient la forme qu’il a montrée lorsqu'il a couru pour la dernière fois, au Tour du Pays Basque. Il avait tout de même battu Remco dans le premier contre-la-montre, c'était une belle performance ! Il est certain que nous aurions aimé que Primoz termine la course sur le podium et pas dans une ambulance. Mais maintenant il est de nouveau sur la bonne voie. Il reste à affronter Pogacar dans le Tour, mais heureusement cette semaine il n’est pas là. Et nous avons d’ailleurs une équipe très forte, avec Jai Hindley et Alex Vlasov. Nous arrivons avec une bonne stratégie pour le Dauphiné et elle sera encore meilleure pour le Tour. Mais nous ne la rendrons pas publique ».

REMCO EVENEPOEL : « IL VA FALLOIR ÊTRE PATIENT »
La préparation du premier Tour de France de Remco Evenepoel a été perturbée par une chute sur le Tour du Pays Basque, dont il est sorti avec une double fracture de la clavicule et de l’omoplate. Si le Critérium du Dauphiné aurait dû constituer un réel objectif dans son programme de montée en régime en vue du mois de juillet, l’ancien champion du monde se montre plutôt en recherche de sensations, et prudent dans ses propos. « L’impact de ma chute a été important, mon épaule a été bien endommagée et ça m’a demandé un peu de temps de reprendre les efforts, explique-t-il lors d’une visio-conférence organisée par son équipe. Je ne voulais pas brûler les étapes, comme j’avais pu le faire lors de ma grosse chute sur le Tour de Lombardie en 2020. Le stage en altitude que je viens de faire s’est bien passé et je me sens suffisamment en forme pour me présenter sur le Dauphiné, mais je n’y viens pas avec un objectif de résultat. Il va falloir être patient, je ne serai pas à l’attaque comme je l’ai été sur Paris-Nice. Pour l’instant je vais bien mais mon épaule est encore sensible, en particulier sur le vélo de chrono ».  

MATTEO JORGENSON : « PERSONNE NE POURRA SE CACHER »
Le palmarès du Critérium du Dauphiné fait ressortir les victoires de la formation Visma-Lease a Bike lors des deux dernières éditions, avec Jonas Vingegaard (2023) et Primoz Roglic (2022). Ni l’un ni l’autre ne représenteront l’équipe néerlandaise cette semaine, mais les ambitions seront tout aussi élevées avec les deux leaders américains, Sepp Kuss et Matteo Jorgenson, respectivement tenants du titre sur la Vuelta et sur Paris-Nice. « Nous visons tous les deux le classement général, confirme précisément le vainqueur de la Course au soleil sur le site web de son équipe. Nous sommes sept coureurs en pleine préparation pour le Tour et en bonne forme pour cette semaine. Mais la concurrence sera rude avec des coureurs comme Roglic, Evenepoel ou Ayuso, le niveau sera très élevé. La fin de parcours promet d’être très difficile, personne ne pourra se cacher. Et même avant cela, le chrono de mercredi peut faire des différences entre les prétendants ».  

CHRISTIAN GUIBERTEAU : « NOUS PARTONS DANS L’INCONNU »
La formation dsm-Firmenich PostNL table sur Warren Barguil pour être représentée dans les hauteurs du classement général pendant la semaine du Dauphiné. Lors de ses sept précédentes participations, l’ancien champion de France a atteint la 9e place en 2020, un score qu’il essaiera d’améliorer. Mais selon son directeur sportif Christian Guiberteau, l’état de forme de son leader est encore incertain : « Comme beaucoup d’autres coureurs dans le peloton, il a été blessé sur chute lors du Tour du Pays Basque et à l’Amstel, il nous a dit stop et il a manqué toutes les Ardennaises. Il n’a pas couru depuis, donc nous partons dans l’inconnu et comme beaucoup d’autres ici, nous allons utiliser ce Dauphiné pour savoir où nous en sommes exactement. Il est trop tôt pour savoir quelle sera notre équipe-type sur le Tour en raison de toutes ces incertitudes, même si nous savons que Romain, Warren et Fabio sont les coureurs autour desquels l’équipe sera construite ».

PHILIPPE MAUDUIT : « LES AMBITIONS VIENDRONT AVEC LA COURSE »
David Gaudu a comme plusieurs leaders connu une saison bousculée par les chutes, mais s’est remis en ordre de marche en vue du Critérium du Dauphiné et du Tour de France. Son directeur sportif Philippe Mauduit table sur une entrée progressive dans la course pour estimer si son leader sera en mesure de figurer parmi les acteurs majeurs en fin de semaine : « David a passé beaucoup de temps en stage. A priori, il se sent bien, mais il est toujours difficile de savoir comment les organismes vont réagir après ces entraînements en altitude. C’est vrai que David a un peu explosé dans la Mercantour Classic. Ce n’est jamais une bonne nouvelle, mais ce n’est pas tragique non plus. L’équipe que nous avons ici est en partie celle du Tour, même si en général, nous mettons une moitié au Dauphiné et l’autre moitié au Tour de Suisse. Cette année, c’est encore plus difficile que d’habitude parce que nous avons eu sept blessés depuis le mois de janvier, ce qui nous a obligés à changer nos plans, mais de nombreuses équipes sont dans le même cas. Les ambitions viendront avec la course, si David est bien, alors il aura des ambitions, c’est aussi simple que ça ».